Savon noir dur du Congo à la potasse revisité (partie 1/2)

Lors de ma visite dans une foire, dans deux stands différents, j’ai vu deux savons noirs durs très particuliers qui ont attiré immédiatement mon attention, car ils sont faits avec de la potasse.

Le premier savon noir dur vient du Congo et le second savon noir dur vient du Burkina Faso.

La soude est utilisée pour avoir des savons durs et la potasse est utilisée pour avoir des savons mous.

Bien entendu, il était hors de question que je continue mon chemin, car j’adore découvrir ce que je ne connais pas et essayer de comprendre comment on peut arriver à faire des savons durs avec de la potasse.

J’ai donc acheté ces deux savons, pour pouvoir mieux comprendre comment ils avaient pu être faits et savoir ce que j’en penserais lors de l’utilisation.

A l’utilisation, ces savons sont extrêmement crémeux et moussants comme j’aime. Ces savons laissent ma peau très douce et nourrie.

 

Ce premier article en deux parties (une recette pour chaque article), concerne les recettes que j’ai faites en m’inspirant du premier savon que j’ai acheté.

D’autres articles suivront pour le deuxième savon que j’ai acheté.

 

INCI du savon noir dur du Congo : huile de coco, beurre de karité, beurre de cacao, sel de potasse naturel cabosse de cacao.

Avec sa couleur  caramel et ses petits morceaux de beurre entiers, je trouve que ce savon a une texture qui ressemble à de la nougatine. Par sa forme, je trouve que ce savon ressemble à un cannelé (gâteau bordelais) sans les cannelures.

Ci-dessous, la photo du savon noir du du Congo que j’ai acheté :

 

 

Je suis tombée à amour pour ce savon et j’ai voulu m’en inspirer en faisant la recette ci-dessous.

Bien entendu, il était pour moi hors de question d’utiliser de la soude mais plutôt de la potasse, car ces savons africains sont faits avec de la potasse de cendre.

J’ai utilisé de la potasse vendue dans le commerce.

 

Ma recette :

200 grammes de végétaline 100 %

Potasse pour un surgraissage à 5 %, diluée dans le minimum d’eau préconisée par le calculateur The Sage

A la trace épaisse filmer et repos de 48 heures (temps nécessaire pour la saponification).

Attention : à ce stade un savon ne peut pas être utilisé, car il a besoin d’un temps de cure plus ou moins long.

Après ce repos de 48 heures, ma pâte à savon avait la consistance d’une pâte épaisse translucide comme de la vaseline.

J’ai fait ramollir ma pâte à savon au bain marie et ensuite j’ai rajouté les ingrédients ci-dessous pour les faire fondre et ainsi bien les mélanger à ma pâte à savon :

20 grammes de beurre de karité (10 % par rapport aux 100 % de végétaline)

20 grammes de beurre de cacao (10 % par rapport aux 100 % de végétaline)

Grâce à la glycérine contenue dans mon savon, le mélange ne collait pratiquement pas sur les bords du récipient et ma pâte à savon était nacrée et élastique.

Ensuite j’ai rajouté :

30 gouttes de vitamine E

Quelques gouttes de bleu de méthylène pour la couleur

J’ai continué à bien remuer ma pâte à savon dans le bain marie quelques minutes.

Hors du bain marie, j’ai rajouté 35 gouttes d’huile essentielle de magnolia et j’ai remué ma pâte à savon jusqu’à complet refroidissement.

J’ai ensuite incorporé 5 % de sel fin de cuisine à ma pâte à savon (5 % par rapport aux 100 % de végétaline), car je ne la trouvais pas assez épaisse pour la travailler à la main avec des gants.

Grâce à l’ajout du sel ma pâte à savon a commencé à épaissir ; j’ai pu avec des gants la travailler comme une pâte à modeler, afin de lui donner une forme de boule légèrement aplatie.

Ci-dessous, la photo de mon savon juste après sa mise en forme de boule :

 

 

J’ai pu constater qu’au fil des jours, la couleur bleue de mon savon s’estompait, jusqu’à disparaître complètement après la cure. C’est la dernière fois que j’utilise du bleu de méthylène.

 

Après un mois de cure, j’ai testé mon savon.

A l’utilisation, j’étais très contente de voir la grosse quantité de crème et de mousse épaisse que mon savon était capable de fournir immédiatement. J’ai trouvé ce savon encore plus respectueux de ma peau que celui que j’ai acheté et dont je me suis inspirée.

Ci-dessous, la photo de mon savon après la cure :

 

 

Mais malheureusement, je me suis rendue compte que ce savon mettait plus de temps à sécher qu’un savon à la soude. Une fois mon savon sec, j’ai appuyé fortement dessus et il s’est écrasé.

A ce moment là, j’ai compris que ce savon ne durcirait pas et qu’il fallait que je le recycle.

 

Remarques personnelles suite à cette expérience :

L’intérieur de mon savon était bleu et j’ai eu la confirmation que le bleu de méthylène, au contact de l’atmosphère s’oxyde plus où moins vite pour perdre sa belle couleur bleue ; c’est le même phénomène pour les savons d’Alep, qui finissent par rester vert émeraude qu’à l’intérieur.

Je pense que le sel rajouté avant la saponification ne doit pas donner le même résultat que le sel rajouté après la saponification, donc je ferai d’autres tests pour voir les résultats que j’obtiens.

Apparemment, pour faire de la soude, on utilise des plantes qui contiennent du sel et on utilise des plantes qui n’en contiennent pas pour faire de la potasse. Donc, j’aurais fortement tendance à penser, qu’il y a ajout de sel dans les savons durs africains faits avec la potasse.

 

Le recyclage de ce savon fera l’objet de mon prochain article.

 

A propos cosmeticshomemadecolchique

Passionnée des cosmétiques et des savons faits maison.
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10 commentaires pour Savon noir dur du Congo à la potasse revisité (partie 1/2)

  1. venezia1 dit :

    Colchique,

    crois tu que pour le savon que tu as acheté (celui que tu montres et qui ressemble vraiment à un gros cannelé caramélisé!), les petits bouts de beurre auraient été ajoutés à la fin pour pouvoir les garder tels quels?
    ton expérience est très intéressante… le résultat m’évoque vraiment les boules de coco que l’on trouve en dessert dans les restau chinois!! Pour le sel, j’ai déjà fait des savons (mais à la soude) en incorporant pas mal de sel à la trace (plus de la moitié du poids des huiles) sans souci. Avec la potasse, c’est peut être différent;
    j’attends la suite avec impatience

    • Venezia, merci beaucoup pour ton commentaire.

      Oui, je pense que les petits bouts de beure ont été rajoutés après la saponification dans le savon qui ressemble à un gros cannelé caramélisé, car ils sont intacts.

      De plus, ce qui me conforte dans mon idée que ces petits bouts de beurre ont été mis après la saponification, c’est qu’après m’être lavée avec ce savon, ma peau est nourrie comme si j’avais mis de la crème.

      Oui, moi aussi le savon bleu m’a fait penser à une boule de coco. 😉

      J’ai déjà fait des savons au sel, voir le lien ci-dessous avec ma dernière remarque toute rėcente en fin d’article.

      Chlorure de sodium dans les savons

      Oui, je pense qu’avec la potasse, on doit être moins confronté au risque de savon cassant si on rajoute du sel, contrairement au sel rajouté dans un savon à la soude.

      Je pense également, qu’il faut faire attention à la recette choisie et au dosage de sel, aussi bien pour les savons à la soude qu’à la potasse, si on tient à avoir un savon qui mousse.

  2. michele dit :

    Permets moi d’avoir des doutes sur ces savons noirs africains qui sont durs.
    Je n’ai jamais vu dans mon enfance de savon noir traditionnel qui ne soit une pâte plus ou moins molle en fonction de la quantité d’eau qu’on y ajoute.
    Ils sont comme des savons noirs à la potasse avant dilution si tu vois ce que je veux dire sauf qu’ils ont généralement plus de viscosité puisque ce sont toujours des gras durs (karité, cacao surtout) qui sont saponifiés au lieu d’olive.

    Or aujourd’hui , en tous cas ceux qui sont vendus en Europe sont durs. Et je m’interroge.

    Quand j’ai fait des savons noirs africains pour Emadra, je n’ai pas cherché à utiliser de la potasse car ceux qu’elle avait testés venaient de chez Akamuti ou sheabuttercottage je ne sais plus, et étaient durs. Du coup j’ai pris de la soude ^_^

    Sur place tous les savons artisanaux durs étaient tout bonnement faits à la soude comme nous sauf qu’on y ajoutait ou pas de la cendre de plantes.

    Je pense que même avec du sel ajouté, il sera compliqué de les durcir suffisamment pour lutter contre la glycérine formée qui plus est, très hygroscopique captera sans cesse l’humidité ambiante.

    J’ai hâte de connaitre la suite Colchique! Quelle ténacité, tu mets dans ces essais, j’admire.

    • Michèle, merci beaucoup pour ton commentaire.

      Oui, il y a également des savons africains faits avec la soude. 😉

      Ce qui a éveillé ma curiosité en voyant l’étal des vendeurs, c’est savoir pourquoi leurs savons faits avec la potasse sont durs.

      Grâce à mes expériences, j’ai enfin réussi à faire des savons durs avec la potasse.

      Ce soir ou demain, je posterai un article concernant mes savons durs faits avec la potasse.

      Je continuerai la saga sur mes expériences concernant ces deux savons achetés, après l’article sur mes savons durs avec la potasse.

  3. Aude dit :

    Je viens d’acheter le même savon noir en guadeloupe, de la même fabrique et il n’est pas dutout dur, il est comme de la pâte, il a l’air vraiment bien, et il n’est pas cher, contrairement à d’autres savons noir que j’ai vu voir et qui était loin d’être pur.

    • Aude, merci beaucoup pour ton commentaire.

      Oui, ce savon est vendu en Guadeloupe.

      Même si ton savon n’est pas dur comme celui que j’ai acheté, je suis certaine qu’il est tout aussi bien ; rien à voir avec le savon noir à base d’huile d’olive qu’on trouve en Provence ou au Maghreb et que pour ma part je n’apprécie pas du tout.

  4. Missmo dit :

    Très belle expérience. Bravo

  5. Céline dit :

    J’aurais aimé savoir si ce savon au sel et à la potasse a été fait à chaud ou à froid.
    Merci

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